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Les types de narration

Bienvenue sur mon premier article !


Quelle est la personne la mieux placée pour raconter votre histoire et mettre votre héros, votre intrigue ou votre style le plus en valeur ?


LE NARRATEUR EXTRADIEGETIQUE


Ce narrateur peut être complètement extérieur à la narration (pour utiliser des termes chics, on dit alors qu’il est extradiégétique, la diégèse désignant la narration).


LE NARRATEUR INTRADIEGETIQUE


À l’inverse, le narrateur peut être intradiégétique et faire lui-même l’objet d’un récit.

Parmi les narrateurs intradiégétiques, on distingue encore deux types :

  • Le narrateur hétérodiégétique, qui ne fait pas partie du récit qu’il raconte. Par exemple, Shéhérazade racontant les contes des Mille et une Nuits

  • Le narrateur homodiégétique, qui est un personnage de l’histoire. Frankenstein et Watson sont dans ce cas. Si le narrateur est même le héros de l’histoire qu’il raconte (comme l’est Frankenstein, tandis que Watson n’est que le témoin des exploits de Sherlock Holmes), on parle alors de narrateur autodiégétique


LES POINTS DE VUE : NARRATION EN PRESENTATION OU EN REPRESENTATION


Déterminer l’identité du narrateur est une chose. La deuxième est de choisir à qui il s’adresse et comment. Parle-t-il directement au lecteur ou bien à un autre personnage ? Ou bien s’efforce-t-il de disparaître derrière l’histoire qu’il raconte ?

On touche ici à la différence entre présentation et représentation.

La représentation, c’est ce qu’on observe dans une pièce de théâtre classique : les personnages (et les comédiens) jouent leur histoire comme s’il n’y avait pas de public face à eux. Ils entretiennent l’illusion de leur propre réalité et entraînent le spectateur, ou le lecteur, dans leur histoire. L’objectif de la représentation est de faire disparaître l’auteur et le lecteur, et de faire oublier qu’il s’agit d’une histoire fictive.

À l’inverse, la présentation met les pieds dans le plat. Les personnages brisent le fameux quatrième mur et s’adressent directement au public. Dans un roman, cela correspond à l’auteur qui parle à son lecteur, soit directement, soit par la voix d’un narrateur omniscient. Cela peut se manifester, par exemple, par le fait d’insérer des références à un chanteur dans un récit d’heroic fantasy.

Attention, si le narrateur s’adresse à un autre personnage du récit et non au lecteur lui-même, on restera dans la représentation.

LES POINTS DE VUE : LE CHOIX DE LA FOCALISATION ET DE LA PERSONNE


Les récits sont généralement narrés soit à la première personne (je), soit à la troisième personne du singulier (il ou elle).

Les autres usages sont possibles (tu, vous, nous ou ils/elles), mais bien plus inhabituels, donc risqués. Je conseille de ne les tenter que si on est sûr de soi et que ça apporte réellement quelque chose à l’histoire.

Ils peuvent être utilisés ponctuellement et auront pour impact de surprendre le lecteur, voire de le déranger, en tout cas de créer une atmosphère très particulière.


LA FOCALISATION : POINT DE VUE OMNISCIENT, RESSERRÉ OU PROFOND


Qu’on emploie la première ou la troisième personne, trois niveaux de focalisations sont possibles : omniscient, resserré ou profond.

Le point de vue omniscient correspond à la vue la plus large, celle d’un narrateur distant qui observe les personnages.

Le point de vue resserré est strictement réduit à la perspective d’un personnage à la fois.

Le point de vue profond va encore plus loin dans la tête de ce personnage et nous montre sa perception des événements, plutôt que de simplement décrire son expérience. C’est dans cette focalisation qu’on va au maximum limiter les verbes de pensée ou de sensation et privilégier le fait de montrer plutôt que de raconter.


1 : La narration à la première personne


La narration à la première personne correspond aux histoires que le protagoniste a lui-même vécues ou dont il a été témoin. Elle est souvent utilisée en littérature Young Adult (comme dans Hunger Games, de Suzanne Collins, par exemple).

Il y en a plusieurs types :

  • Les mémoires, où le personnage raconte sa propre histoire au lecteur ou à un autre personnage (et où le lecteur feint de croire qu’il a une mémoire exacte de tout ce qui lui est arrivé dans sa vie). Ce type d’histoire implique de créer deux versions du personnage : celui du présent, qui est figé, et celui du passé qui évolue. Le souci avec les mémoires, c’est que le lecteur sait d’avance que le narrateur va survivre pour raconter sa vie, ce qui enlève un peu de tension, sauf si le conflit principal de l’histoire ne pèse pas sur la vie du personnage, mais par exemple sur la préservation d’autres personnes, de son environnement ou de valeurs et de principes particuliers.


  • Les récits épistolaires ou les entrées de journal intime, comme dans Les Liaisons Dangereuses (ou cette fois on peut garder le suspense sur la survie du narrateur)

  • La cinématique, où on suit l’histoire du personnage en même temps qu’il la raconte, comme c’est le cas dans Hunger Games

2 : La narration à la troisième personne omnisciente


Avec un narrateur omniscient, le récit est conté par un narrateur extérieur, une sorte de voix-off différente du personnage principal et qui, comme le nom « omniscient » l’indique, sait tout. Il sait ce que pensent et font tous les personnages, voire la fin de l’histoire. C’est donc, normalement, un narrateur extradiégétique ou hétérodiégétique (vous suivez ?).

Il peut s’adresser directement au lecteur.

Pour prendre l’exemple des Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire, de Lemony Snicket (alias Daniel Handler) voici comment commence le livre :

« Si vous aimez les histoires qui finissent bien, vous feriez beaucoup mieux de choisir un autre livre. Car non seulement celui-ci finit mal, mais encore il commence mal, et tout y va mal d’un bout à l’autre, ou peu s’en faut. C’est que, dans la vie des enfants Baudelaire, les choses avaient une nette tendance à aller toujours de travers. Violette, Klaus et Prunille Baudelaire étaient pourtant des enfants charmants, des enfants intelligents, pleins de ressources et loin d’être laids. »

Un marqueur classique de ce type de ce narration est la formule « Il était loin de se douter que… ». Par exemple, un enfant qui se promène avec un paquet sous le bras sans se douter que ce paquet contient une bombe. Ou un voleur qui s’introduit dans une maison sans savoir que le propriétaire l’attend pour le prendre la main dans le sac.


3 : La narration à la troisième personne focalisée (ou limitée)


Le narrateur limité se concentre sur un seul personnage, le « personnage point de vue » et se focalise uniquement sur ce que ce personnage pense et ressent, en parlant de lui ou d’elle à la troisième personne. C’est le mode de narration le plus courant.

En revanche, le narrateur est limité au personnage point de vue : il ne sait pas ce que pensent les autres personnages.

Par exemple, Harry Potter à l’École des Sorcier


s est intéressant car le premier chapitre est en point de vue omniscient, mais tous les autres sont focalisés sur Harry.

Premier chapitre :

« Mr et Mrs Dursley, qui habitaient au 4, Privet Drive, avaient toujours affirmé avec la plus grande fierté qu’ils étaient parfaitement normaux, merci pour eux. […] Lorsque Mr et Mrs Dursley s’éveillèrent, au matin du mardi où commence cette histoire, il faisait gris et triste et rien dans le ciel nuageux ne laissait prévoir que des choses étranges et mystérieuses allaient bientôt se produire dans tout le pays. Mr Dursley fredonnait un air en nouant sa cravate la plus sinistre pour aller travailler et Mrs Dursley racontait d’un ton badin les derniers potins du quartier en s’efforçant d’installer sur sa chaise de bébé le jeune Dudley qui braillait de toute la force de ses poumons. Aucun d’eux ne remarqua le gros hibou au plumage mordoré qui voleta devant la fenêtre. » Harry Potter à l’École des Sorciers, J.K. Rowling

Les passages en gras montrent que le narrateur est un conteur, parfaitement conscient qu’il s’agit d’une


histoire, et qui en sait plus que les personnages. On est dans de la présentation.

Dans les passages soulignés, le narrateur donne son avis : c’est lui, pas Mr Dursley, qui trouve que la cravate est sinistre, et jamais Mrs Dursley n’irait dire que son Dudley adoré « braille ».

Dans le chapitre suivant, on change de narration :

« Harry se réveilla en sursaut. Sa tante tambourina à la porte. – Vite, debout ! hurla-t-elle de sa voix suraiguë. Harry l’entendit s’éloigner vers la cuisine et poser une poêle sur la cuisinière. Il se tourna sur le dos et essaya de se rappeler le rêve qu’il était en train de faire. C’était un beau rêve, avec une moto qui volait, et il eut l’étrange impression d’avoir déjà fait le même rêve auparavant. […]L’anniversaire de Dudley ! Comment avait-il pu l’oublier ? » Harry Potter à l’École des Sorciers, J.K. Rowling

I


ci, on passe à de la représentation et on partage exclusivement les pensées de Harry, plus des Dursley. On les partage même au point qu’on connaît ses rêves, et on n’a pas besoin d’incises de type « se dit-il » ou « songea-t-il » quand il se rappelle brusquement quelque chose, comme l’anniversaire de Dudley.

On partage aussi ses ressentis : c’est lui qui trouve que Mrs Dursley a une voix suraiguë et que son rêve était beau.



LES POINTS DE VUE : LA FIABILITÉ DU NARRATEUR


Un dernier élément à prendre en compte dans le choix de son narrateur est de déterminer si celui-ci va être honnête avec le lecteur ou bien lui mentir ou lui cacher des choses.

Cette stratégie permet de ménager des effets de surprise et fonctionne mieux lorsqu’on utilise la première personne, car la proximité entre le lecteur et le narrateur incite le lecteur à lui accorder sa confiance, ce qui permet ensuite de la trahir.



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